Le mouvement de la carotte

Publié le 15 Février 2015

Le mouvement de la carotte

On le sait, le peuple, en période d’élections, est perdu. Il se cogne contre les murs, aveuglés par des affiches arborant des visages tous plus carnassiers les uns que les autres. Les enfants rentrent chez eux en pleurant. Les femmes enceintes accouchent prématurément en pleine rue. Les vieillards vomissent des flots de bile rageuse, ultimes remugles contestataires de nos époques troublées. Dans les clameurs de promesses partouzant dans l’inconscient collectif avec une absence de grâce remarquable, le manque de repères étouffe, broie, macère pour ne devenir qu’un torrent de pus vaguement républicain. La légitimité du Mouvement de la Carotte © apparaît alors clairement, zébrant le brouillard politicien de sa puissante aura phallique. Il s’offre comme la représentation quasi universelle des manquements permanents de nos sociétés, à l’aide d’un symbole ayant l’immense avantage de parler de lui-même. La Carotte, vidée de sa personnalité légumière pour le bien commun, devient le substrat métaphorique de toutes les exploitations, l’allégorie incandescente de nos sujétions tristement quotidiennes, le rappel permanent qu’en toute occasion, en toute situation, nous l’avons dans le cul.

Le mouvement de la carotte

Rédigé par Kevin Bourquin

Publié dans #Convergence des luttes

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